Glad Gwinevez

Deux statues mystérieuses

 

Les mystères des statues retrouvées.

 

 

   

 

                       ST JEAN BAPTISTE                                                     VIERGE A L’ENFANT

 

Les deux statues ont été découvertes en juillet 1947, lors des travaux de démolition de l’ancien cimetière. En effet, jusqu’en 1871, le cimetière de Plounevez s’étendait autour de l’église. Ce cimetière étant devenu insuffisant, la municipalité acheta, pour servir de cimetière, un terrain situé à 200 mètres de l’église. Ce terrain fut clos de murs et, le 14 mai 1871, il fut béni par Monsieur Tanguy curé-doyen de Plouescat. A partir de cette date, les enterrements se firent dans le nouveau cimetière, mais l’ancien cimetière demeura plusieurs années avec ses tombes et sa croix. Il fut diminué une première fois en 1871, mais la présence de la croix et l’installation d’un monument en l’honneur des morts de la guerre rappelaient la destination première de l’enclos, si bien que les Plounéveziens continuaient à appeler ce terrain « le cimetière ».

 

En 1947, la municipalité décida d’agrandir de nouveau la place du bourg, de transporter les ossements du vieux cimetière dans le nouveau et de remonter la croix du vieux cimetière au nord-ouest de l’église (actuellement place Moncooin), le monument aux Morts restant à sa place. Les travaux furent confiés à l’entreprise Paul Riou du Croazou.

Lors des travaux de démolition, les ouvriers découvrirent à 1.50 mètre de profondeur deux statues religieuses : la statue de Saint Jean Baptiste presque intacte et la statue de la Vierge à l’Enfant brisée en plusieurs points.

 

Ces deux statues découvertes par hasard en 1947 et aujourd’hui restaurées restent entourées de mystère et font l’objet de plusieurs interrogations.

      

       1 – D’abord, le matériau utilisé : comment se fait-il que, dans une région où le granit est roi, on puisse trouver des statues en calcaire ? Les statues du XVème siècle en Bretagne sont en majorité en bois ou en kersantite. L’on y trouve néanmoins quelques statues en calcaire datant du XVème siècle, importées vraisemblablement de la vallée de la Loire. (note 1). N’oublions pas que Nantes a été choisie comme capitale de la Bretagne par le duc François II, à partir de 1460.

 

       2 – Le choix des thèmes : pourquoi une statue de Saint Jean Baptiste ? On sait que les templiers ont développé le culte de Saint Jean Baptiste et que l’histoire de Lochrist a vraisemblablement un lien avec l’histoire des Templiers.

La Vierge à l’oiseau ?  La représentation de la Vierge portant l’Enfant Jésus qui tient dans sa main un oiseau est un thème assez fréquent, mais pas dans la statutaire bretonne de cette époque, semble t’il. Une des représentations les plus connues de ce thème est la Vierge à l’oiseau de l’église ND du Marthuret à Riom dans le Puy-de-Dôme. Cette œuvre du XIVème siècle se rattache à l’art des sculpteurs de Jean de Berry.

 

       3 – L’emplacement d’origine : où étaient placées ces statues avant d’être enterrées ? Dans l’église paroissiale ? Aucun document, aucun témoignage ne l’atteste. A Lochrist ? Comment expliquer que, dans la chapelle actuelle de Lochrist, on découvre face-à-face une statue de Saint Jean Baptiste et une statue de la Vierge portant l’Enfant qui tient à la main un oiseau ? Ces statues sont-elles des répliques des statues restaurées ?

 

       4 – L’ensevelissement des statues : pourquoi ces statues ont-elles été ensevelies dans l’ancien cimetière ? Là encore, à défaut de documents et de tradition orale, on ne peut émettre que des hypothèses. Quelques paroissiens auraient-ils enterré ces statues par crainte du vandalisme des révolutionnaires ? L’église paroissiale aurait été transformée en écurie en 1793 et Lan Inisan raconte dans « Emgann Kerguidu » comment les soldants révolutionnaires avaient détruit cette même année la Croix Rouge (ar Groaz Ruz) près de Lanzéon. Mais, si elles avaient été cachées par précaution, pourquoi n’avaient-elles pas été exhumées après la Révolution, quand la situation était redevenue plus calme ? Une autre hypothèse nous est rapportée dans le journal Le Télégramme du ??? août 1947. Le journaliste, Charles Chassé, raconte avoir rencontré à Plounévez-Lochrist l’archiviste départemental, M.Waquet, qui lui a apprit qu’autrefois c‘était une habitude, quand les statues avaient cessé de plaire, de les enterrer dans le cimetière voisin.

 

       5 – Les mutilations des statues : quand, par qui, pourquoi ces statues ont-elles été mutilées ? La statue de Saint Jean Baptiste est presque intacte, mais il manque la tête de l’agneau ainsi que l’attribut que tenait le saint dans sa main droite.

 

 

 L’atelier de restauration a noté que la statue a été repeinte après le bris de la tête de l’agneau. La statue de la Vierge a subi des mutilations plus importantes. Il manque en effet la tête de l’Enfant Jésus, le bras droit de la Vierge, une partie du côté droit ainsi qu’une partie de la main gauche, sans compter d’autres impacts sur la tunique de la Vierge provoqués par des outils contondants. Quand elle a été découverte, la statue était brisée à deux endroits : au niveau de la couronne et au niveau de la taille. Cette dernière fracture peut s’expliquer par la présence d’un silex dans la pierre calcaire. Chute de la statue ? Actes de vandalisme ou coups donnés par les ouvriers qui ont découvert la statue et qui ne s’attendaient pas à une telle trouvaille ?

 

       6 – La couronne de la Vierge : comment expliquer la présence d’une couronne séparée sur la tête de la Vierge ainsi que la présence d’un crucifix à l’intérieur de la couronne ?

 

 Les personnes qui ont restauré la statue de la Vierge ont découvert avec surprise que la couronne  ne faisait pas partie du bloc d’origine de la statue mais qu’elle avait été rajoutée et collée sur la tête de la Vierge. Il semblerait même qu’elle soit postérieure à la statue elle-même. Alors pourquoi ce rajout ? Cette couronne a t’elle remplacé une autre couronne ? A t’elle remplacé la partie supérieur du voile de la Vierge ? Des universitaires interrogés par les personnes de l’atelier de restauration n’ont pu donner de réponses à leurs questions.

       Ce qui a intrigué le plus les « restaurateurs » a été la découverte d’un crucifix à l’intérieur de la couronne. Un trou avait été percé sur la partie supérieure de la couronne pour y introduire un crucifix puis rebouché par du plâtre. Le crucifix en alliage cuivreux a la taille d’un crucifix de chapelet. A l’arrière du crucifix, apparaît une inscription : en horizontale  « SOUVENIR » et à la verticale « DE MISSION ». Le crucifix après nettoyage a été remis à l’intérieur de la couronne. Alors pourquoi a t’il été introduit dans la couronne ? De quelle mission s’agit-il ? Le chanoine Pérennès, dans sa monographie, cite différentes missions : en 1728, en 1865, en 1875, en 1894.

 

 

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07/05/2012
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